« Celui qui écoute trop la météo, reste au bistrot » 

C’est un peu la devise de cette rando-bivouac. Le département de la Savoie est en alerte orange pour les orages mais notre envie d’aller en montagne est plus forte. 

Nous ne sommes pas encore sortis de la voiture que les paysages du col du Lautaret et du Galibier, nous en mettent déjà plein les yeux. 

La randonnée jusqu’au lac des Cerces n’est pas très longue mais en voulant économiser quelques kilomètres de marche, je me débrouille pour embourber la Twingo sur la piste du début du parcours. 

Le reste de la montée se fait à pied le long du torrent. Arrivés au lac, et les tentes plantées sur un replat un peu en surplomb pour profiter de la vue sur les aiguilles d’Arves, on se remet en marche, délestés de nos affaires en direction du col. La neige est encore bien présente. Après avoir traversé quelques nevés, deux nouveaux lacs apparaissent devant nous : le lac du Grand Ban et le lac rond.

Le temps est gris. C’est un soir sans coucher de soleil. 

Un repas chaud et quelques parties de cartes, puis chacun retourne dormir dans sa tente. 

La nuit sera venteuse et courte.

Le matin, on a envie d’explorer les environs. De sortir des sentiers. 

On découvre la vallée de la mort et ses 14 squelettes de moutons éparpillés entre étendues herbeuses et éboulis. L’ambiance est singulière. Pas de bruits, ni de mouvement d’animaux. Tout est étrangement calme. 

On se prend au jeu et on regroupe puis dispose les plus beaux crânes trouvés en un cercle parfait. 

Et là, comme si nous nous faisions avoir à notre propre jeu, lorsque nous posons la dernière tête refermant le cercle, le tonnerre gronde et en à peine 3 minutes, l’atmosphère devient apocalyptique. Pluie battante, ciel noir, éclairs, vent, tonnerre. Le ciel nous tombe littéralement sur la tête. 

Une fois sorti de la vallée de la mort, le soleil ne mettra pas longtemps à revenir, pour nous laisser plier les tentes et redescendre au sec. 

  

Pendant le confinement j’ai eu des envies de bivouac ! 

Equipée de ma nouvelle tente de trek, il n’y avait plus qu’à attendre un weekend avec une météo favorable pour tenter un premier bivouac. Direction le massif des Ecrins pour deux nuits, avec une petite bande d’amis !

Qu’est ce que j’ai eu froid !!!! Début juin les températures sont encore assez fraiches la nuit en altitude mais je n’étais surtout pas encore assez équipée.

Pour la deuxième nuit, nous nous sommes enfoncés un peu plus profondément dans le massif, pour profiter et découvrir des paysages plus sauvages.

Notre camp d’une nuit installé près du torrent et au pied des hauts sommets enneigés, nous avons ri, chanté, joué, exploré.

Direction la frontière italienne ce weekend pour découvrir le célèbre barrage et lac du Mont-Cenis.

Arrivé au col coté français, la route principale longe le lac jusqu’au barrage avant de redescendre coté Italie.

Des routes étroites, encore partiellement enneigées par endroit, descendent plus proche du lac et le contourne. Je m’engage sur l’une d’elle. Mon objectif est de trouver un endroit tranquille pour garer le van pour la nuit. Avec vue sur le lac.  

Le niveau du lac est bas et laisse découvrir des berges sableuses et caillouteuses avec d’étonnants cratères. Descendre jusqu’à l’eau est plus long qu’il n’y parait et la remontée dans le sol friable est un peu laborieuse. 

La piste au bord de laquelle je me suis garée est bloquée à cause d’un névé. Elle sera de nouveau praticable seulement lorsque le printemps l’aura décidé. Mais rien n’empêche de continuer à pied. Toujours un peu plus loin, et encore plus loin. Voir ce qu’il y a derrière cette butte. Et derrière la prochaine. Au milieu des sifflements des marmottes et des veilles ruines des hameaux de pierres. 

La nuit est étrangement calme alors que je regarde à travers la fenêtre du van, le lac et le ciel s’éclairer l’espace de demi seconde par les éclairs des orages lointains. 

Le réveil se fait dans le brouillard. Que le soleil transpercera juste un instant. 

Lorsqu’on arrive au départ d’une randonnée et qu’il se met à pleuvoir, on a deux choix. Faire demi tour et rentrer chez soi ou persister en espérant que la météo s’améliore une fois arrivé en haut. C’est le pari que l’on a fait ce jour là. Avec un objectif : approcher -respectueusement- des bouquetins. 

Une fois sur le plateau, la pluie s’est transformée en neige et nous nous abritons dans le refuge pour manger au sec et à la chaleur du poêle allumé par d’autres randonneurs trempés. 

Collés les uns contre les autres. Assis autant sur les bancs des tables que sur les dortoirs en bois, nous patientons en mangeant et discutant expériences et itinéraires de chacun. J’aime la simplicité, la convivialité des gens que l’on croise en montagne. 

Absorbés par nos conversations, nous ne voyons pas que la pluie s’est calmée et que le brouillard commence à disparaitre. En ouvrant la porte du refuge, le Mont Aiguille, présent mais invisible depuis le départ de la balade, est désormais face à nous de toute sa hauteur. 

Nous partons à la découverte du plateau et à la recherche des troupeaux de bouquetins. Mathieu les repère de loin dans une clairière un peu plus bas. Les retrouver une fois en bas, est plus compliqué. Passant de clairière en clairière, on ne sait plus vraiment quelle direction prendre. Est ce qu’ils ont bougé ? Ou est-ce que nous avons mal évalué les distances et le chemin à prendre. C’est d’abord l’odeur qui nous alerte. Une odeur de bouc. Et en sortant d’une forêt, ils sont là, devant nous. Tout un groupe. Installé dans une clairière. Certains s’adonnent à des jeux de combat et d’autres somnolent dans l’herbe. Nous restons un long moment à les observer. Eux, nous surveille du coin de l’oeil. Jusqu’à ce que notre présence leur semble égale. 

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Vous connaissez ces endroits qui paraissent presque magiques puisqu’ils sont gardés secret ? Ceux dont on découvre parfois l’existence par une photo. Puis, pour les découvrir il faut les chercher. D’abord chercher des indices sur une carte, puis en explorant la zone sur le terrain. C’est d’autant plus dur lorsque la progression est ralentie par la neige. Mélange d’espoir et « c’est impossible qu’on la trouve ». Mais la joie est d’autant plus grande lorsqu’on tombe enfin sur la cabane tant recherché.

Elle semble figé dans la neige. On prends alors le temps de la découvrir. Précauscieusement. Comme si le simple fait d’être là pourrait l’abimer. 

Cette cabane, les photos que j’en ai pris et l’intérêt qu’elle a suscité sur les réseaux m’ont confronté directement à un dilemme auquel je n’avais pas encore vraiment pris le temps de réfléchir et prendre position : l’impact des réseaux sociaux sur la nature par la surféquentation.  

Jusqu’à maintenant j’étais persuadé d’une chose : si j’ai la chance de découvrir quelque chose de beau, pourquoi est ce que je ne partagerais pas l’information pour permettre à d’autres d’en profiter aussi? Avec un peu de recul. En observant le comportement de certaines personnes. Et en voyant l’impact néfaste de la surfréquentation que peut générer une photo sur instagram. Je change petit à petit d’avis sur le sujet. 

Je reste pour le partage. Pour l’inspiration. Je suis pour la nature que l’on vie.  Mais je suis contre la nature que l’on consomme juste pour pouvoir checker la prise de sa photo instagram. Alors que derrière cette photo nous avons rien vécu d’intéressant. 

Alors oui, inspirons nous des réseaux sociaux pour nous donner envie de partir explorer le monde. Mais apprenons à découvrir des lieux par nous même. Des lieux qui nous ressemblent. Qui nous plaisent. Qui nous vont vibrer. Pas à cause de leur popularité sur intagram. Mais parce qu’ils font partis d’une jolie expérience qu’on a vécu et peut-être partagé. D’une belle découverte au détour d’un sentier. Ou même parce qu’un ami nous en a parlé (en nous faisant la promesse de ne pas le révéler sur les réseaux). Et surtout respectons cette nature. 

C’est Halloween ! Ma fête préférée. L’occasion d’aller passer une après midi pluvieuse dans une cabane au fond des bois.

Se faire un peu peur. Imaginer des scénarios dignes de film d’épouvante. Boire du chocolat chaud. 

Un lac couleur émeraude, les premiers flocons de neige de la saison, une barque sur la rive. Céder à la tentation un peu folle de la mettre à l’eau.   

Début octobre, on partait pour un week-end entre copines, dans un refuge du massif des Ecrins, dans l’Oisans.

En septembre, Alpesishere et Oisans tourisme nous ont invité à passer un weekend à la découverte de l’Oisans et de quelqu’uns de ses refuges. . 

Je retiens de ce weekend, de jolies rencontres, de magnifiques paysages, de belles découvertes, des refuges accueillants. Ce type d’événement était une première pour moi, et je suis très heureuse d’avoir eu la chance d’y participer. 

Notre destination : le plateau d’emparis ! 

Une destination parfaite! puisque j’avais tenté d’aller découvrir ce plateau l’été précédent mais mon weekend avait été écourté lorsque j’étais tombé en panne avec le camion en haut de la piste d’accès.  

Le départ se fait du petit village de Besse en Oisans après un déjeuner en terrasse. Besse est un authentique village en pierres aux ruelles étroites  Il est classé « sites et cités remarquables de France ». La maison des Alpages au milieu du village regorge d’informations sur le pastoralisme, activité étroitement liée à l’histoire du village et de la nature alentour.  

La piste qui monte jusqu’au plateau d’emparis permet d’aller jusqu’au refuge des Mouterres. C’est là que nous passerons la nuit. Mais avant, nous partons à la découverte des trois lacs du plateau : le lac Cristallin, le lac Noir et lac Lérié. Ils font face aux arrêtes de la Meije et la reflète dans les eaux calmes de la fin de journée. Nous sommes à la fin de l’été, la végétation a déjà revêtue sa couleur automnal et les immenses étendues herbeuses vallonnées à perte de vue donnent une sensation d’ailleurs. Un véritable paysage de steppes.

On arrive tout juste à l’heure au refuge pour le repas du soir. Les conversations de notre petit groupe se mêlent au joyeux brouhaha des tablées d’à côté. La bonne humeur des gérants, le cadre, le repas, le coucher du soleil, toutes les conditions sont réunies pour clôturer idéalement cette journée déjà parfaite. 

Une dernière sortie pour admirer les étoiles avant de rejoindre les dortoirs à l’étage du refuge. 

Le lendemain matin, un guide nous rejoins pour poursuivre avec avec nous la randonnée jusqu’à notre prochaine étape : le refuge des Clos qui nous attend pour le repas du midi. Notre guide a la réponse à toutes nos questions. On marche en écoutant l’histoire des paysages, des animaux, de la végétation, des temps passés. 

Vous saviez que pendant leur phase d’hibernation, la température corporelle des marmottes chute de plus de 30 degrés ? Que la hauteur des gentianes à l’automne renseigne sur la quantité de neige qui tombera en hiver ? Et que les baies d’argousiers contiennent une quantité impressionnante de vitamine C ? 

La randonnée se termine par un impressionnant et vertigineux sentier en balcon au dessus du lac du Chambon.

Après ce magnifique weekend, je ne peux que vous conseiller d’aller découvrir l’Oisans dans le département de l’Isère, ses paysages, ses villages, ses cascades, ses refuges, ses lacs et son histoire. 

     

5 jours sur la route de Grandes Alpes

La route des Grandes Alpes. Le simple fait de prononcer le nom de cette route est pour moi synonyme d’aventures. Je m’imagine le long de routes sinueuses, traversant des paysages de montagnes sauvages. Franchissant les cols au volant de mon van.
Des Ecrins jusqu’au Sud du Mercantour. J’ai un parcours et un programme relativement bien ficelé. Une liste des points d’intérêts et des randonnées que je veux voir. Cinq jours c’est relativement court. Je veux éviter de perdre du temps en organisation pendant le voyage.

Jour 1 et 2 :

Le matin du jour du départ, il pleut. Je décide de modifier mes plans. L’objectif est de rouler rapidement, en empruntant les grands axes routiers, vers le Sud du Mercantour. Tenter de rattraper le soleil. Je commence alors mon voyage par ce qui devait être l’étape finale : Les Gorges de Daluis.
Les gorges de Daluis sont un canyon d’immenses parois de roches rouges de 6 kilomètres, au fond duquel coule le fleuve Var. Une route en balcon vertigineuse ponctuée de 17 tunnels traverse ce paysage et me permet de rejoindre le village de Guillaumes où j’ai prévu de passer deux nuits.
Le lendemain, le soleil est de retour et je pars à la découverte de ce petit collorado. Au départ du pont de Bethéou, le sentier vers l’impressionnant belvédère du point sublime permet une immersion dans l’environnement aride des roches de schiste rouge. Le dépaysement est total. Après l’avoir aperçu d’en haut, on a envie de s’approcher plus près de la rivière qui coule dans les entrailles des gorges. Le trouver n’est pas évident, mais un petit sentier abrupt descend jusqu’à l’eau. Avec les pluies des derniers jours, la rivière s’est transformée en un véritable torrent de boue. Il faut s’aider d’un bâton pour réussir à traverser sans se faire emporter par le courant. Sur l’autre rive, on se retrouve face à la cascade de la Clue d’Amen.

// Les gorges de Daluis //

Jour 3 :

Le matin du troisième jour, je pars tôt en direction le col de la Cayolle. La météo annonce une dégradation du temps en fin de journée. Au col, les nuages sombres ne suffisent pas à me dissuader à partir explorer à pied. Je me mets en route pour le circuit des lacs, au milieu de mille moutons. Je franchis un premier col et découvre un premier lac d’un bleu hypnotisant. La noirceur du ciel et les premiers grondements du tonnerre au loin me font hésiter à rebrousser chemin. Je décide de continuer le long d’un sentier en balcon et découvre un nouveau lac et quelques bouquetins. De la grêle commence à tomber. Je vois le front de pluie qui m’arrive droit dessus. Les éclairs qui transpercent le ciel. Les sommets se saupoudrent d’une fine couche de neige. La montagne change de visage. Elle devient hostile et froide. Au milieu de cette nature qui se déchaine, j’oscille entre peur et admiration. Je presse le pas et attaque la descente sur l’autre versant. Au loin, en contrebas, j’aperçois un homme et sa jument qui marchent dans ma direction. Simon et Balzane. Une rencontre improbable sur ce sentier en pente escarpée, frappé par la pluie. Le début d’une amitié qui un an après existe encore.
De retour au van, je me réchauffe avec une tasse de thé avant de reprendre la route vers l’Ubaye où je dois passer la nuit.

Jour 4 :

Le quatrième jour, je traine à partir. Cette nuit il a gelé et les rayons du soleil trainent à atteindre le camion et à me réchauffer. J’arrive vers midi au col de Vars. Je ne trouve pas tout de suite le départ de la randonnée prévu. Au bout d’une piste de terre, j’abandonne mes recherches. Il commence à être un peu tard pour partir en balade. Je décide que ce sera une journée off. Je grimpe sur le toit du camion et profite tranquillement du soleil. Puis je reprends la route, direction Arvieux, au pied du col de l’Izoard.

Jour 5 :

Le cinquième et dernier jour, je m’engage sur la magnifique route du col de l’Izoard. Je fais demi-tour au col, pour admirer le paysage lunaire de la Casse déserte dans les deux sens de circulation. Puis je gare le van au col et pars découvrir le sentier en balcon qui permet d’accéder au cœur des pitons rocheux qui constituent ce cirque minéral étonnant et dépaysant.
Puis je prends la direction du lac des Souliers. Magnifique petit lac rond autour duquel le rituel veut que les randonneurs inscrivent leurs prénoms à l’aide des pierres.

 

Enfin, je prends la direction de la route du retour en passant par un dernier mais tout aussi magnifique col : le Lautaret. Face à la Meije. Une dernière halte au lac du Pontet facilement accessible depuis Villard d’Arène. Avant de rentrer sur Grenoble. En me promettant de poursuivre cette route l’été suivant.